Sérotonine : que sait-on sur la molécule du bonheur  ?

La sérotonine naturelle attire l’attention des chercheurs pour son rôle majeur sur la qualité du sommeil et de l’humeur… autrement dit, sur la joie de vivre !

Comment est-elle fabriquée ? Comment se maintient l’équilibre avec les autres hormones ? Qu’est-ce qui peut altérer sa production ? De nouvelles réponses arrivent peu à peu.

La sérotonine, de nom scientifique « 5-hydrotryptamine » ou 5-HTP est un neurotransmetteur : c’est un messager chimique du système nerveux central qui  transmet des influx nerveux d’un neurone à un autre. Durant les dernières décennies, les scientifiques ont découvert que cette substance a en particulier pour fonction d’équilibrer le sommeil, l’appétit et l’humeur, qu’elle permet de gérer les émotions et de s’adapter aux stress. Ils ont également constaté que les déficits de ce taux et son déséquilibre avec d’autres neurotransmetteurs accompagnaient certaines dépressions, conjointement à d’autres facteurs psychologiques, génétiques et environnementaux. C’est sur cette constatation que la plupart des antidépresseurs prescrits aujourd’hui visent à augmenter le taux de sérotonine.

Le tryptophane de l’alimentation : une condition nécessaire et non suffisante de la fabrication de la sérotonine naturelle

Mais tout n’est pas si simple ! En effet, la sérotonine est synthétisée principalement au niveau du tube digestif (95%) et dans le système nerveux central, notamment dans le cerveau, à partir du tryptophane, une substance qui provient des protéines de l’alimentation (viande, volaille, poisson, produits laitiers, noix…). Le tryptophane est une substance rare des protéines (1%) et seul le tryptophane transformé par l’enzyme tryptophane hydroxylase 2 (Tph2) peut franchir la fameuse « barrière hématoencéphalique » et pénétrer le cerveau ! Or, le tryptophane peut être plus ou moins bien assimilé par l’appareil digestif, et tout au long de sa transformation, être utilisé à d’autres fins par l’organisme avant d’arriver au cerveau. Le gène qui commande l’activité de cette enzyme peut aussi ne pas bien faire son travail. Une alimentation riche en protéines ne garantit donc pas un moral d’acier : au contraire, plus un régime est protéiné, plus les autres constituants des protéines entreraient en compétition avec le tryptophane.

De nouvelles découvertes sur la sérotonine naturelle

Récemment, des chercheurs ont montré que la sérotonine était aussi produite dans le tissu osseux. D’autres ont découvert que certains processus fréquents comme l’inflammation étaient responsables du « vol » de tryptophane dans le sang et sa transformation en une substance néfaste pour le système nerveux, et qu’ils pourraient être à l’origine de baisses du taux de sérotonine, donc d’apparitions de phénomènes dépressifs ! La sérotonine a donc encore nombre de ses secrets à révéler.

Sources :
Wurtman RJ, Wurtman JJ, Regan MM, McDermott JM, Tsay RH, Breu JJ, « Effects of normal meals rich in carbohydrates or proteins on plasma tryptophan and tyrosine ratios », Am. J. Clin. Nutr., vol. 77, no 1,‎ janvier 2003, p. 128–32

Pubmed Database MAJ oct. 2016 : TPH2 tryptophan hydroxylase 2 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/gene/121278
Yasmine Chabbi-Achengli, Amélie E. Coudert, Jacques Callebert, Valérie Geoffroy, Francine Côté, Corinne Collet, and Marie-Christine de Vernejoul Decreased osteoclastogenesis in serotonin-deficient mice Biological Sciences – Medical Sciences: PNAS 2012 109 (7) 2567-2572
Georgin-Lavialle S, Moura D S, Salvador A, Chauvet-Gelinier J-C, Launay J-M, Damaj G, Côté F, Soucié E, Chandesris M-O, Barète S, Grandpeix-Guyodo C, Bachmeyer C, Alyanakian M-A, Aouba A, Lortholary O, Dubreuil P, Teyssier J-R, Trojak B, Haffen E, Vandel P, Bonin B, the French Mast Cell Study Group, Hermine O and Gaillard R: Mast cells’ involvement in inflammation pathways linked to depression: evidence in mastocytoses, Molecular Psychiatry 21, novembre 2016, 1511-1516